LES TACHES EN TRAVAIL SYSTEMIQUE

LES TACHES EN TRAVAIL SYSTEMIQUE

Objectifs :

  • évaluer le niveau d’engagement de la famille dans le processus de travail
  • vérifier des hypothèses notamment sur les rôles dans la famille,
  • mobiliser la famille entre les séances de travail,
  • mesurer les résistances au changement,
  • renforcer des rôles dans la famille,
  • introduire du changement à dose homéopathique,
  • aiguillonner la modification du système par une injonction paradoxale.

Définition de la tâche : Elle repose sur l’analyse de la séance de travail et concerne tous les membres de la famille. En aucun cas la prescription d’une tâche n’est indispensable. Mieux vaut ne pas en donner que l’improviser. Sa définition doit être précise, la demande simple.

Le changement éventuel proposé doit apparaître comme bénin pour éviter la mobilisation de la résistance au changement.

Si la tâche suppose une action à un moment de la journée, de la semaine ou un jour précis, ces éléments sont précisés en vérifiant auprès de la famille l’adéquation avec les rythmes de celle-ci. Cette vérification faite nous préciserons, en fonction de l’exercice préconisé, à quel endroit, quel jour, qui a la responsabilité de l’organisation.

Dans certaines situations ou pour apporter une solennité particulière, la prescription de la tâche pourra être adressée ou remise par écrit. Il est parfois nécessaire de se ménager un temps plus long que l’interruption de séance pour préparer cette prescription. Dans ce cas on peut prévenir la famille de l’envoi par la poste de celle-ci. Ce courrier sera envoyé, suivant ce que l’on veut privilégier ou renforcer, à tous les membres de la famille ou à un seul en lui précisant d’en faire la lecture à tous à un moment précis.

Un exemple de tâche à éviter : prescrire le changement ! Nous recevions un couple qui se plaignait conjointement de ne pas avoir de temps à eux à cause des enfants. Nous leur avons prescrit de se retrouver 1 heure le samedi après midi de 15 à 16 heures en dehors de la présence des enfants. A la séance suivante, un mois après, ils sont revenus en nous annonçant :

- qu’ils avaient fait un treck de 7 jours au Maroc sans les enfants!

- que rien n’avait changé dans leur relation !

Belle démonstration de la disqualification de la tâche et aussi de la thérapie. « Vous voyez bien que vous n’y arriverez pas !»

Le retour sur l’exécution de la tâche : C’est un moment extrêmement important que la tâche ait été exécutée ou non.

A la question : avez-vous rempli la tâche demandée ? Se contenter d’un « oui » ou d’un « non » disqualifie le principe même de la tâche et donc du processus.

L’importance que nous accorderons au compte rendu de l’exécution de cette prescription montrera la considération que nous lui accordons et aidera à définir la situation comme situation sérieuse de travail.

Les questions pourront porter sur le lieu, le moment, la place des uns et des autres,… Qui a commencé ? Quelles réflexions ou commentaires cela a amené ? Qui a organisé et comment ? etc.

Cela nous amènera plus d’éléments sur le fonctionnement de la famille que toutes les anecdotes qu’ils peuvent nous raconter.

Quand la prescription n’a pas été suivie, il est encore plus incontournable de poser toutes les questions sur comment et non pourquoi elle n’a pu être exécutée.

Là aussi l’intervenant privilégiera les questions sur l’organisation plutôt que sur les commentaires ou les explications. Il est plus important de savoir que la tâche n’a pu être réalisée car elle avait été prévue en concurrence d’un programme télé, que l’on avait oublié que le voisin devait passer ou qu’un ado avait programmé une sortie, que d’avoir les commentaires sur les inconséquences des uns ou des autres.

JP PIQUEMAL